L’architecte Edmond Lay s’est éteint samedi 2 novembre 2019 à son domicile situé près de Tarbes (65). Originaire de Lannemezan, il fait ses études à l’École des Beaux-Arts de Paris section architecture. De 1958 à 1962, il est accueilli comme enseignant au sein de plusieurs universités de la côte Est des États-Unis. Il y découvre des manières de penser, faire, et enseigner l’architecture, jusque là peu connues en Europe. Il se prend particulièrement de passion pour le travail de Frank Lloyd Wright dont l’univers organique ne le quittera plus.
De retour en France, il installe son agence dans les Hautes-Pyrénées. Il entame alors une carrière de de trente années, interrompue prématurément en 1994 suite à un accident vasculaire cérébral. L’originalité de sa démarche, la pertinence de ses propositions tant en termes techniques qu’esthétiques, la force et la sensibilité de ses choix tout comme la cohérence de son œuvre font de lui un architecte rare salué en 1984 par le Grand Prix national de l’architecture.
Attentif au bien-être et à l’épanouissement des usagers, il conçut plus de deux cent projets, pour la moitié réalisés, principalement dans le grand Sud-ouest de la France.
Prônant une approche contextuelle, il mit un point d’honneur à inventer des dialogues avec l’environnement de ses réalisations.
Soucieux des usages, il ne cessa d’inventer des dispositifs propres à accueillir et à rassurer.
Attaché à exprimer sa vision du monde, il prit toujours des libertés avec les courants, les mots d’ordre et les modes.
Depuis 2013, /Parcours/d/architecture/ avait engagé un processus de patrimonialisation de son œuvre par l’étude, la valorisation, la médiation et la défense de son travail. Tout dernièrement, l’association organisait des visites de sa résidence et de son ancienne agence à l’occasion des Journées européennes du patrimoine. A cette occasion, plusieurs centaines de personnes découvrirent ces lieux insolites désormais inscrits à l’Inventaire des Monuments historiques. Les visites se concluaient par la rencontre émue de l’architecte qui semblait se réjouir de ces visiteurs enthousiastes.
Au cours d’une des visites, à une dame qui lui déclarait son admiration - « vous nous faites rêver ! » - il répondit, modeste et serein, par un sourire, un regard vif, un petit geste de la main et un mot à peine prononcé et tout juste répété : « merci, merci ».
Comme un adieu à ce monde qu’il savait enchanter.